Nouvelle : Une fleur pour la princesse
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Lorsque j'arrivai enfin en haut de la colline, je me mis à penser à toute cette sombre histoire... Oh certes, je n'étais pas un grand poète ou ne possédais pas des qualités de conteurs comme les compagnons de la guilde des bonnaventures mais quand même... Il y avait certainement dans ce que je venais de vivre une leçon à tirer ou un message à laisser à ceux qui font une confiance aveugle à ce que leur dicte leur cœur. L'ignorance et la naïveté ont cette vertu qui permet aux faibles, aux timorés ou ...Contient : et de (32)(...) Il n'est pas besoin de cela pour faire partie des protecteurs. La foi et la volonté suffisent. -Oui mais pour moi, le pouvoir est une histoire de foiet devolonté... Avais-je répondu en laissant mon mentor méditer sur l'orgueil qui suintait par tous les pores de ma jeune peau. (...)
La douleur se faisait plus vive, elle lançait de grands assauts furieux sur toute la longueur de mon flancet demon bras. Mais j'avais l'esprit assez tordu pour penser que tant que je continuais à avoir mal, c'était que mon bras "vivait" et qu'il pourrait à nouveau me servir à caresser les femmes, boire du vin ou grimper dans les arbres. (...)
J'ouvris un oeil doucement, je vis Marik, debout sur sa chaise, engloutir une choppe de houppebrune : comme à son habitude, il faisait tout pour se faire remarquer, il fallait que tout le monde sache qu'un nain bleu était plus endurant que n'importe qui à l'alcool. -Et deQuinze ! Que Viiaerl vomisse sur ceux qui sont tombés ! Relança-t-il de plus belle... J'eus un haut-le coeur, je m'étais écroulé à quatre. (...)
Doliane, Nasht et moi fîmes tous les préparatifs le lendemain ; ce n'était pas que la route jusqu'aux abords du monastère fut bien difficile, nous l'avions emprunté maintes et maintes fois, mais nous étions à court d'équipementet definances. La bourse laissée par la petite Domaine-Argent permit aussi d'acheter une hache digne de ce nom à Nasht qui officiait depuis trop longtemps déjà au casse-tête. (...)
Je rattrapai la pierre une dernière fois en fermant le poing et m'installai plus confortablement sur mon fessier dans une position que j'affectionnais. J'avais ce tic bizarre, parfois, lorsque que je me sentais en confiance: gratouiller de mon indexet demon pouce libre la barbe sur mon menton pendant que mes autres doigts serraient le caillou contre la paume. (...)
Elle rouvrit les yeux à ce moment là et plusieurs siècles inondèrent ses yeux. -Par Fulkion ! Le début de la gloireet dela fortune ! Voilà qui va me permettre de retrouver mon trône ! S'exclama Nasht avec enthousiasme. (...)
Les quelques brigands rencontrés trois jours auparavant avaient tout juste servi à calmer l'ardeur de Nasht à utiliser sa hacheet deMarik à donner des baffes. Ils ne méritaient pas d'être mentionnés. Oui, tout nous souriait, on avait juste à faire un peu attention et à ne pas faire de feu la nuit. (...)
Les bardas n'avaient pas été empaquetés, les objets les plus importants qu'il semblait manquer étaient les armes du précepteuret deNasht. L'épée de Chat était toujours enterrée. Tout ce petit monde n'avait pas pu partir bien loin. (...)
La douleur le lançait partout comme si plusieurs milliers de fourmis avaient décidé de s'introduire dans ses chairset deronger ses nerfs. Curieusement, il n'eut aucun mal à ouvrir son oeil et la lumière ne l'éblouit pas. (...)
Il décida de tourner la tête dans tous les sens pour voir s'il connaissait les lieux mais la seule chose qui lui sembla familière fut l'arête du pic du chatet del'oiseau. Il songea très rapidement qu'il devait toujours se trouver dans les terres mystiques mais cette pensée ne l'effraya pas. (...)
Il ne put s'empêcher de penser au bien-être qu'il aurait ressenti en prenant tranche-tête à pleine main. Plus aucune douleur, des sensations de force, de plénitudeet depuissance... Le trône, enfin, à sa portée... -Prince Nasht ? Acceptez-vous de me laisser accomplir mon destin ? (...)
Rralaojni était le seul Dragon qui restait issu d'un dieu juste. Il était fils de Cipion, héraut de la sérénitéet dela maîtrise de soi. Les vieux ordonnateurs du monastère de l'infinie sérénitude dispensaient, d'après leurs dires, le savoir du Dragon. (...)
Son repas terminé, il étala un peu ses jambes et se laissa aller à contempler le corps splendide de Laïdrella. Il n'avait jamais connu une aussi jolie femme,et dela position qu'elle occupait par rapport à lui, un aussi joli derrière. La courbe des reins et leur chute étaient ce qui faisait le plus frémir Lombardo lorsqu'il contemplait une jolie femme. (...)
Les deux serveuses avaient passé l'âge d'être grands-mères mais continuaient à offrir leurs mamelles flasques et fades aux mains fébriles des clients avinés. Une odeur rance de vieux vin, de fromageet dehachisch bleu dominait l'endroit, mais des îlots de puanteurs, encore plus crasses, s'étaient installés autour des tables des plus vieux habitués. (...)
L'avant de la mouche surmontait péniblement la surface du liquide sur un mélange de morceaux de pommes concasséeset demousse. Si elle parvenait à s'échapper de l'eau et si on lui laissait suffisamment de temps pour sécher ses ailes, elle pourrait avoir la vie sauve. (...)
Moi c'est Davon Lames-sanglantes et mes potes c'est Rasjta Oeil-Nuage, Marik Mains-bleues, Lendovar Tête d'acier et Karel dit "le démon". -A cause des corneset dela peau rouge... - Glissa Karel en soulevant sa capuche - Vous croyez à l'existence des démons, "Serpent" ? (...)
Jazerbel était peut-être le seul dieu qui existât vraiment ou qui ne pouvait mourir : quel que soit le côté duquel la balance penchait, il ne changeait pas de place. Jazerbel, dieu de la Mortet dela Magie, septième dans la balance cosmique des Treize, dieu du milieu... Lombardo se retourna ensuite sur les cadavres, il voulut murmurer quelque chose, une courte oraison à la vaillance de ses adversaires. (...)
Tu commences à avoir peur. C'est bien, c'est une bonne chose. La frayeur te fera perdre le masque de l'arroganceet dela suffisance... La rage que le serpent contenait en lui fut plus forte que la peur. La colère déborda. (...)
Et si tu ne l'as pas fait d'ici jour-profond, je te jure, moi, que je te tuerai. Les chants n'étaient pas très harmonieux, ils parlaient de haine, de revanche, de colèreet derancoeur. Ils racontaient l'histoire d'une fille perdue, noyée par ses obscures pensées, engloutie par une rage qui n'était pas de son âge, dévorée, corrompue par un mal qui ne cessait de lui faire perdre chaque jour un peu plus d'humanité. (...)
Doliane avisa, une dernière fois, la cime des arbres et se racla la gorge en revenant sur son étrange interlocuteur: -Quel genre de questions, monsieur le chat ? Le souvenir diffus de la figue, de la fleuret dela hache s'intensifia. Les sensations devinrent presque tangibles. -Hé bien, ce que vous avez appris de cette petite fille ici présente. (...)
Doliane ouvrit les yeux faiblement, la vapeur mélangée des spores et du parfum des archérontes se dissipait déjà sous l'effet combiné de la brise légèreet dela chaleur qui gagnait ses joues. -Ca va ? Bava le nain en gros plan. Doliane leva les yeux vers le ciel, au-dessus de la tête du nain. (...)
Il se massa légèrement le cou et ne grimaça pas lorsqu'il sentit le sang poisse qui avait coulé de ses oreilleset desa plaie à la tête. Il posa la main sur sa poitrine : la blessure n'était que superficielle, il avait accompagné le coup de couteau tout à l'heure. (...)
Lombardo concentra ses sens sur l'odorat, de nombreuses fragrances se mélangeaient, essentiellement des plantes exotiques des îles, du pavot bleuet del'archéronte rouge. Il lui faudrait développer des trésors de volonté pour ne pas dire toute la vérité au Prince si celui-ci se mettait à poser des questions trop ciblées. (...)
L'ectoplasme sembla sourire. Il avait l'air sûr de lui... -Et si je vous parlais d'un gamin nommé Liamet desa mère qui s'appelle Justine ? Lombardo plissa les yeux, sans même prendre un air méchant. -Et si vous me disiez ce que vous savez de cette histoire, avant ? (...)
Je dirigeai mon regard vers la vallée et me rendis compte, pour la première fois, de ma position exacte en prenant les pics du Chatet del'Oiseau comme repère : je me trouvais à peine à quelques centaines de pas, en coupant à travers bois, de notre campement. (...)
Tout était allé trop vite cette nuit, il n'avait eu le temps de faire que les choses à l'instinct et il ne pouvait pas jouer son sort ou son destin sur une décision irréfléchie. Quitter le Territoire-Dragon en se fiant à son sens de l'orientationet dela dénivellation pour retrouver celui qui parlait dans sa tête relevait de la folie pure et simple. (...)
Tout ce qui s'était passé, tout ce que le chat et l'oiseau avaient pu voir, tout ce que Maavira avait ressenti ou laissé en moi explosa dans mon esprit. Un tourbillon vertigineux de sons, d'imageset desensations. Pendant un court instant, je crus devenir fou. Je vacillai en arrière et Lombardo me retint. (...)
Je sus en un battement de cil qu'il ne voulait pas les tuer. La vie de ces deux-là allait racheter plus de vingt cycles de meurtreset deservitude. Elle commit l'impair de tourner la tête vers moi. La garde du couteau de Lombardo la cueillit en pleine tempe. (...)
Les ténèbres jetèrent un lourd voile sur ma pauvre conscience meurtrie. Je sombrai instantanément. Je rêvais cotonneusement d'oiseaux parlantset dechats télépathes, de pierres de pouvoirset defleurs d'archéronte, de beuveries au coin du feuet decaresses passionnées, d'une gentille histoire toute simple où il ne fallait que sauver une pauvre princesse malade, de voyages extra-corporels au-dessus d'une vallée magique, d'un chevalier en armure étincelante prêt à mourir pour sa cause, lorsque le corbeau croassa... J'ouvris les yeux brusquement pour constater que la nuit était avancée. (...)
Si t'avais pas l'air d'avoir aussi mal au cul, je t'en mettrais bien un coup moi, greffier de mon coeuret demes godasses ! Le regard de Nasht sembla s'allumer lorsqu'il me lança: -T'as eu quoi comme épreuve, toi ? (...)